[Analyse] du discours d’un climato-sceptique: François Gervais. 1/2

La vidéo

Description et sources

Dans cette vidéo, j’analyse en profondeur une partie de la conférence de M. Gervais que vous trouverez ici. Je traite ici la partie de 17:58 à 25:40.

Curieux 2 Savoir traite d’autres parties de la vidéo.

Si vous aimez ce contenu, les trois vidéos où j’analyse la conférence de V. Courtillot devraient vous plaire. La première est assez générale et recoupe celle-ci, la seconde parle des changements climatiques des derniers milliers d’années (optimum climatique médiéval, Groënland « vert »… etc) et la troisième parle des changements climatiques des derniers centaines de milliers d’années (cycle de Milankovitch, boucles de rétroaction… etc).

Pour cette vidéo, j’ai été aidé par François-Marie Bréon qui a déjà beaucoup écrit sur F. Gervais en 2013 (article du monde, débat entre F. Gervais et F.M. Bréon dans La Météorologie, une liste des plus grosses erreurs du livre publié par F. Gervais en 2013).
Plus récemment:
un article de mi-janvier sur le dernier livre de F. Gervais.
un article de blog de M. Bréon sur ce sujet.
un autre article de blog qui traite de ce que dit F. Gervais de la stratosphère dans sa conférence.

Je recommande également le site: Le Climat en Questions.

J’ai utilisé le même jeu de données que F. Gervais (HadCRUT4): libre à vous de récupérer ces données accessibles à tous et de vous livrer aux mêmes exercices.

Comme F. Gervais, j’ai utilisé le 5ème rapport du GIEC (servez-vous des références sur les visuels pour trouver facilement les parties du rapport que j’utilise). Je conseille cette page qui résume bien la première partie et dont j’ai utilisé la Figure 2.6. Concernant l’attribution du changement climatique du dernier siècle:
Un article de 2018 qui se concentre sur la première moitié du 20ème siècle.
Un autre article de 2016 dont j’ai extrait plusieurs figures.

Concernant les modèles climatiques et leur adéquation avec l’évolution récente des températures:
Un article de Nature sur le sujet.
Une adaptation de cet article pour produire des graphiques plus récentes.

Les deux articles cités par F. Gervais que j’analyse en détail:
L’article de Loehle qui produit un modèle mathématique avec deux tendances, un cycle de 60 ans et un cycle de 20 ans.
L’article qui « trouve un cycle de 60 ans sur les villes européennes ». Et l‘évolution de la température globale sur l’Europe.

Concernant l’Arctique et l’Antarctique:
L’évolution de la surface de banquise Arctique (lien alternatif).
L’évolution de la surface de banquise Antarctique.
L’évolution du volume de l’inlandsis de l’Antarctique.


Autres:
Rapport sur les émissions soufrées.
Effets de l’éruption du Pinatubo.
Le mythe du consensus scientifique sur une refroidissement climatique dans les années 1970.
L’oscillation atlantique multidécennale.
L’oscillation décennale du Pacifique (et la représentation de El Niño et La Ninã).
Un article récent sur l’élévation du niveau des mers.
– Reconstruction des derniers 20 000 ans basée sur Marcott et al. et Shakun et al.. La figure que j’utilise est piqué et adapté de cet excellent blog.
– On peut voir sur le CV de F. Gervais qu’il est très fier de cette vidéo.

7 réflexions au sujet de “[Analyse] du discours d’un climato-sceptique: François Gervais. 1/2”

  1. Salut à toi, Monsieur le Réveilleur,
    Et bravo pour tes analyses très fouillées, que je trouve dans l’ensemble très pertinentes et éclairantes. Mais je me permets néanmoins une petite mise en garde. Car il t’arrive parfois de tomber dans les mêmes travers que ceux que tu prétends dénoncer, et je pense que ça gâche un peu ton travail.
    Par exemple à 30’00 » de ta vidéo tu mets l’accent sur les 7 derniers millénaires de l’Holocène au cours desquels la hausse moyenne des océans a été inférieure à 1 mm/an, contre 3 mm/an actuellement. Diable, ça monterait donc 3 fois plus vite aujourd’hui que durant les 7000 dernières années? Ce n’est sans doute pas ce que tu voulais sous-entendre, mais c’est probablement ce que retiendront nombre de tes suiveurs. Et c’est évidemment faux.
    Est-ce bien raisonnable de comparer une valeur moyennée sur 7000 ans à une valeur moyennée sur 10 ans ou sur 100 ans? Si la résolution temporelle des indicateurs le permettait, il est probable qu’on observerait au cours des 7000 dernières années des variations décennales ou séculaires allant de -1 à +3 mm/an, voire de -3 à +5 mm/an. De ce point de vue notre époque ne ferait donc pas exception.
    On pourrait aussi t’objecter, avec un peu de mauvaise foi, qu’entre 14000 et 7000 ans BP la mer est montée de 100 m, soit en moyenne 14 mm/an (5 fois plus vite qu’aujourd’hui).
    Personnellement, depuis 30 ans, je n’ai pris que 3 kg, soit en moyenne 2 g par semaine. Mais chaque week-end, je prends environ 2 kg, que je reperds fort heureusement dans les 5 jours suivants. Mes oscillations pondérales hebdomadaires sont donc 1000 fois plus élevées que ma pente moyenne (hélas ascendante, mais ça t’arrivera aussi, tu verras quand t’auras mon âge, :o). Pour autant, je ne m’affole pas outre mesure quand je monte sur la balance le dimanche soir.
    Pour contrer François Gervais et affirmer que les données paléoclimatiques (température ou niveau des mers) sont sans lien avec des cycles solaires ou orbitaux de 60 ou 210 ans, il faudrait fournir bien autre chose que ce graphe, dont la résolution temporelle est très insuffisante.
    Alors en bon zététicien, méfie-toi de ce genre d’arguments qui ne valent pas grand chose et qu’on trouve malheureusement sous la plume de scientifiques trop zélés. Même un boomerang en plastique peut faire des dégâts quand il te revient en pleine poire!
    Comme ton confrère de la chaîne Curieux 2 Savoir, tu fouilles à la lampe-torche avec un soin très méticuleux les moindres recoins du discours, ce qui peut être utile j’en conviens, mais qui vous entraîne aussi parfois dans des interprétations douteuses, au risque de prêter à l’auteur des propos qu’il n’a pas vraiment tenus, et de passer à côté de choses plus essentielles. De plus, ça prend un temps fou…
    Du coup, ni lui ni toi vous n’allez jusqu’au bout de la vidéo de Gervais, et c’est dommage, car à la minute 32 de celle-ci, il commente un graphe a priori essentiel, montrant une baisse apparemment très significative de l’ECS dans la littérature scientifique au cours des 16 dernières années. D’après ce graphe (dont Gervais paraît être l’auteur puisqu’il ne fournit pas de référence), les publications postérieures à 2007 rapporteraient pour l’ECS des valeurs inférieures ou égales à 3,2°C (sauf une, Tan et al. 2016), et la plupart de celles postérieures à 2014 (donc après l’AR5) donneraient des valeurs encore plus basses, comprises entre 0,4 et 2,1°C. Ce qui ne correspondrait plus du tout à la fourchette la plus probable donnée par le GIEC depuis 30 ans (1,5 – 4,5°C). Il faut nous expliquer ça… Gervais aurait-il fait (une fois de plus?) du « cherry picking », ou les estimations des modélisateurs sont-elles réellement revues à la baisse, notamment depuis l’AR5? Voilà, à mon humble avis, LE Point n°1 à éclaircir. Et il y a un 2e Point tout aussi Capital (sans jeu de mots ni référence à aucun magazine), que Gervais aborde à 16’59 » mais sur lequel vous passez Allègrement (sans jeu de mots là aussi): le coût de la lutte contre le réchauffement, qui aurait été estimé par la Banque Mondiale à 89.000 Md$ d’ici à 2030 (si nous tolérons une hausse de 2°C pour le XXIe siècle). Vrai ou faux?
    David

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    • Bonjour,

      En sortie de la dernière période glaciaire, le niveau des mers est monté bien plus vite qu’aujourd’hui et on ne pourra probablement pas battre cette vitesse. Pourquoi ? Parce que la Terre était alors couvertes de grand glaciers (notamment sur toute l’Europe du Nord, sur le nord de l’Amérique du Nord et tout le Canada… etc). Les volumes de glace à fondre (et la surface que couvrait ces glaciers) n’avaient rien à voir avec ce qu’il y a aujourd’hui. A forçage équivalent, la montée du niveau des mers aujourd’hui sera moins rapide à cause de cette importante différence.

      Je ne suis pas tellement d’accord sur les proxies. La mer monte depuis plus d’un siècle maintenant, même des proxies à faible résolution temporelle verrait ce signal. Il est donc fortement improbable que l’Holocène ait connu une élévation du niveau des mers comme on en connaît aujourd’hui (une fois la montée des mers due à la sortie de période glaciaire stabilisée). En gros, je doute fortement que la tendance que l’on observe aujourd’hui ait pu exister ces 6000 dernières années (surtout que cette tendance s’accélère).

      Pour la figure que montre M. Gervais, c’est une question très importante ! Et j’apporterai une réponse dans la seconde partie qui sort ce soir.

      Pour le coût… c’est un peu en dehors de mon domaine d’expertise mais c’est difficile d’en discuter avec des « sceptiques » parce qu’ils négligent les coûts qu’induiront le changement climatique. Si on prend ça en compte, ça rend rentable beaucoup d’investissements pour mitiger le changement climatique ou s’adapter à ces effets… Il faudrait regarder ces investissements par rapport aux coûts qu’ils nous évitent.

      Merci pour le commentaire et bonne journée,
      Rodolphe.

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      • Bonjour Rodolphe,

        Merci pour ta réponse, que je découvre un peu tard, désolé !
        Je ne manquerai pas de regarder l’épisode 2.
        Sont-ce les sceptiques qui ont tendance à minimiser les coûts (et/ou à maximiser les bénéfices), ou les alarmistes qui ont tendance à exagérer les coûts (et/ou à minimiser les bénéfices)? Moi non plus je ne saurais le dire. Probablement un peu des deux… ou des quatre !
        En l’occurrence, le chiffre de 89.000 Md$ ne semble pas avoir été inventé par Gervais. Il provient bien de la Banque Mondiale (climato-sceptique elle aussi ?). J’irai voir sur son site ce qu’Elle dit précisément.
        A+
        David

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  2. Vidéo très intéressante, merci à vous : faire court, simple et le plus rigoureux sur un sujet complexe, c’est un exercice difficile ; un point important de votre argumentaire porte sur la méthodologie de modélisation : les approches fondées sur des données (faire passer une courbe mathématique par des points en minimisant une norme) et les approches fondées sur des modèles (proposer une explication physique à des phénomènes, en rendre compte par une équation et utiliser la simulation numérique pour les calculer) ; la seconde semble la plus robuste parc qu’elle synthétise de multiples connaissances (elle inclut également de l’assimilation de données) ; ce qui est frappant dans l’intervention de Monsieur GERVAIS est qu’il en parle en balayant d’un revers de main ; ces modèles se sont affinés avec le temps (intégrant un plus large ensemble de phénomènes – que vous évoquez : activité solaire, volcanique, présence d’aérosols, de différents composés chimiques présents dans l’atmosphère, dynamiques et cycles océaniques, etc.- et gagnant en résolution) et intègrent les connaissances les plus actuelles – et donc demandent des temps de calculs importants (et alors ? il est intéressant d’entendre la forme de dérision qu’arbore Monsieur GERVAIS quant à cette approche : problème de génération ? de compréhension ? etc.) ; ce que je trouve surprenant est qu’avec « quelques données et un ordinateur » (en clair, il s’agit réaliser une approximation fonctionnelle…), « un seul homme » soit capable de tirer des conclusions qu’une communauté scientifique étendue (impliquant des spécialités différentes – climatologues, chimistes, numériciens, physiciens, mécaniciens des fluides, etc.) ; ma remarque n’est pas scientifique, peut-être plus méthodologique tout au plus, mais tout de même : le mythe du héraut scientifique qui a raison contre tous, au XXIème siècle, c’est un peu douteux… Pour ma part, je connais un peu de simulation numérique et de mécanique des fluides et de ce que je connais de la construction de ces modèles, je leur accorde plus de robustesse ; de même qu’à la lente construction d’un consensus scientifique autour des conclusions actuelles ; je trouve ensuite que Monsieur GERVAIS habille son discours d’atours scientifiques, alors que sans doute, le but recherché est autre (politique ?) ; enfin, sur la question du coût accompagnant une « transition énergétique et écologique », nous pouvons entre autres écouter ce qu’en dit Gael Giraud : l’humanité a les moyens, c’est une question de choix (https://www.youtube.com/watch?v=2oFARgqG0NA).

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